Site non officiel du Squale.

Banc d’essai paru dans Tilt n°21 (mai 1985), pp. 49-51
Republié avec l’aimable autorisation de Véronique CHARREYRON

SQUALE

COMME UN POISSON DANS LA MICRO

Le Squale : un nom de tueur pour un micro-ordinateur breton qui compte bien planter ses crocs dans le marché très disputé de la micro familiale et semi-professionnelle. Ses 92 ko de mémoire, son modem incorporé et son prix modeste constituent des armes redoutables. Pour en savoir plus, Tilt l’a affronté.

C’est à l’occasion de Micro-expo en février dernier que la petite société Appolo 7 soutenue par l’ANVAR (fondation nationale d’aide à l’innovation) présentait le Squale au public. Deux mois plus tard, le requin est disponible un peu partout en France dans les grandes surfaces comme dans les magasins spécialisés pour un prix très compétitif. Une distribution rondement menée.
Dès le premier regard, le Squale dévoile ses liens de parenté avec son homonyme des mers : gris souris, aileron en avant il dégage une impression de solidité, de sérieux, voire d’austérité avec son boîtier métallique. S’il ne se distingue pas par un design gai, il a le mérite d’inspirer confiance.
Côté face : un clavier mécanique déroutant parce que pentu, comme celui des machines à écrire. Inspiré de celui de l’IBM PC, il affiche 55 touches, dont 11 fonctions, noires (4 flèches de déplacement) 43, alphanumériques grises, une touche « Reset » bleue et - surprise - pas d’accentuation : une caractéristique embarrassante quand on est un micro de nationalité française. La frappe s’avère agréable quoique les touches s’identifie un peu mal (mêmes dimensions) et un « Return » qui voisine dangereusement avec un « Delete » et surtout un « Reset ». Prenez-garde aux doigts étourdis, si vous vous trompez, vous êtes quitte pour tout recommencer.
Du requin donc, le Squale garde l’aileron qui assure la fonction d’entrée « Rompack ». C’est ici que vient s’enficher la cartouche du Basic. Il est vrai qu’avec un Basic séparé, le Squale apparaît un peu démodé et pas pratique.

Un modem intégré

Si l’on retourne la bête, une heureuse surprise nous attend : une liaison de communication aux normes Minitel et Transpac. En effet le Squale, seul micro de France à renfermer un modem, se transforme, grâce à une carte de liaison Minitel disponible, en Minitel « intelligent » capable de traiter de l’information et en terminal avec possibilité d’accès aux banques de données, aux centres de calculs et aux réseaux internationaux. Le modem retenu est le « pavé » Thomson 7510 homologué, qui travaille, à l’émission, à une vitesse de 1 200 bauds (semi-duplex) et de 75 bauds (usage minitel). Un très gros atout à un faible prix. Pour mémoire, un modem de ce type vaut en lui-même plus de 1 000 F.
Autre particularité agréable, le Squale ne requiert pas d’interface pour qui veut le connecter à un minicassette normal (prise Din 5 broches), à deux joysticks de type Atari (2 Cannon DBS) ainsi qu’une imprimante ou à une table traçante de type Centronics (Cannon DB15). Reste encore une sortie vidéo et bus d’extension (Cannon DB25). Point n’est besoin de prendre des pincettes pour effectuer le branchement, les prises sont en béton. En revanche, le câble péritel pèche par sa courte taille. L’alimentation est intégrée. Les entrailles du Squale recèlent un microprocesseur qui a déjà fait ses preuves sur la MO5, à savoir le 6809.
La ROM (mémoire morte) s’élève à 4 ko réservés au moniteur résidant et la RAM 92 ko, un record pour les micros français, qui met le kilo octet à la portée de toutes les bourses. Les passionnés de dessin vont être aux nues, le graphisme mobilise 32 ko. Il en reste à peu près autant pour la programmation.
Si en mode texte on ne bénéficie que d’un affichage de 25 lignes de 50 caractères, en mode graphique, les 256 x 256 pixels combinés aux 16 couleurs adressables point par point confèrent une qualité d’image excellente. De même le S-Basic, fort de ses 125 instructions, fait figure de langage musclé. Il est géré par le Flex 09, un système d’exploitation peu connu en Europe, bien qu’équipant le Goupil 3. Puissant, le Flex 09 permet un accès direct en langage machine.

Graphisme à gogo

Côté graphisme le S-Basic nous ouvre les porte de l’Eldorado. A l’aide d’« Arc » vous tracerez des arcs de cercle ou des cercles complets, avec « Dash » vous changerez la nature du tracé, grâce à « Plot » vous pourrez afficher sélectivement un point à l’écran et tracer des segments de droites. « Window » définit une fenêtre rectangulaire de tracé graphique. Originalité : la fonction « Symbol » permet d’afficher des textes de tailles variables et « Text » provoque la permutation des écrans graphiques et du texte. Pas de « Sprite » dans ce S-Basic mais une instruction large « Draw » qui permet de dessiner des petits motifs répétitifs, de les faire pivoter. Les possibilités d’animation restent malgré tout réduites.
Vague déconvenue lorsque le doigt plein d’espoir, le manuel à proximité, on tente de passer à l’action. On commence à se mélanger les pinceaux dans les couleurs. Le code du jaune sort en réalité du rouge... le tir est vite rectifié. Cela devient plus gênant lorsqu’on se met en tête d’exploiter la super fonction « Draw », et de rentrer la chaîne alphanumérique qui définira la figure. Résultat : nul. On se rend compte alors que la syntaxe mentionnée par le manuel n’est pas la bonne et que, contrairement à toute indication, l’instruction « Draw » doit être suivie d’une lettre correspondant au cadran dans lequel on désire placer le vecteur et d’un chiffre (1, 2, 3) représentant la dimension du segment (par exemple : Draw « A33... »).
Même chanson en ce qui concerne la musique. La rumeur indique que le Squale possède un synthétiseur 3 voies, 5 octaves ; le guide du Basic n’en pipe mot. Rassurez-vous, vous arriverez à tirer autre chose que des « bips » de votre Squale en tapant un simple « Play ». « o2 n2 v9 t2 aa bb cc dd » ou « o » représente les octaves, « n » la durée, « v » le volume et « t » le temps. Tous s’échelonnent de 1 à 9. C’est simple, mais il faut le savoir. Si vous découvrez les trois lignes de syntaxe perdues, vous pourrez même convertir votre Squale en Key Board. Bref, pas besoin d’aller plus loin, le Squale offre des potentialités énormes à l’utilisateur pour peu que ce dernier sache lire entre les lignes ou qu’il ait une bonne expérience du Basic. Le guide, le mot est abusif, s’avère déplorable : sept pages sibyllines de manuel d’utilisation et 235 pages de guide Basic écrites en pattes de mouche. Ne voyons là qu’une erreur de jeunesse, qu’Appolo devrait réparer en sortant un livre : « Le Squale et son univers » suivi d’ici peu par un « 102 programmes pour le Squale ». Parallèlement au Basic, le Squale accepte aussi le Logo, le Pascal (en juin), l’Assembleur éditeur, le Forth et le langage C que l’on doit, comme le Basic, charger sur disquette ou cartouche.

La ronde des périphériques

Pour un nouveau venu, il offre une gamme de périphériques et d’accessoires assez étoffée. Dans sa garde-robe on dénombre deux moniteurs, couleur et monochrome ainsi que deux imprimantes. L’une « Qualité courrier » N/B de 80 colonnes, l’autre graphique à quatre couleurs et 40 colonnes. Sans compter les joysticks, le magnétophone, le lecteur de disquettes 5 pouces 1/4 double face, double densité comme le boîtier d’extension 8 slots bus SS30. Ce dernier permet d’enficher huit cartes supplémentaires sur la mémoire centrale et d’y insérer deux lecteurs de disquettes. Parmi les cartes disponibles, des « gadgets » comme cette carte « horloge-calendrier » mais aussi une carte RS 232 C (connexion toutes imprimantes et modem), une IEEE 488 (connexion table traçante), une carte entrée analogique, un synthétiseur de parole, une SQ text (traitement de texte), une carte de contrôleur de disquettes et sous peu, une mémoire RAM de 256 ko. Les performances font un bond en avant.
Parmi les logiciels « sérieux », mentionnons une disquette qui, moyennant 900 F environ, effectuera le traitement de texte - avec caractères accentués enfin - sur 40 ou 80 colonnes. C’est cher payer l’accent !

Les jeux d’un requin

Sprites, Hatier, Loriciel constituent les fournisseurs d’Appolo 7, c’est-à-dire que l’on trouvera des logiciels éducatifs, comme des jeux. Environ une vingtaine pour ces derniers, selon le constructeur : dix d’arcade, deux de rôles et le reste de réflexion, disponibles, suivant leur titre, sur cassette, disquette ou cartouche. Sept nouveaux jeux signés Sprites devraient bientôt voir le jour. Nous avons essayé un logiciel de chaque catégorie. Dans le genre « éducatif » Le compte est bon fait carburer les neurones comme dans la célèbre émission télévisée. Il faut chercher à retrouver, par un calcul mental savant, un chiffre affiché au hasard pour coiffer le micro au poteau. Classique mais efficace. Math Squale devrait sortir en juin. Le Squale, qui fait les yeux doux à l’Education nationale (il est homologué) va certainement développer cet aspect. Au rang des logiciels d’enrichissement personnel, Biorythme, à la manière de Madame Soleil, vous indique vos jours « sans », ou il est préférable de rester au lit avec un bon Tilt et les jours « avec », grâce à des courbes de conditions physiques, émotionnelles et intellectuelles. Amusant. SQ’Art, Echecs et bientôt Musique complètent la liste. Au chapitre « Loisirs », Poker vous emmène faire une partie de cartes et dans la même veine, on trouve Casino, Mordorak, une poursuite spatiale, Sagor, un sauvetage par vaisseau spatial, Bataille navale, Requin un festin de petits poissons, Cric-croc, un « Batman » rigolo, plus un morpion en trois dimensions, un mastermind et un « Puissance 4 ». Le SQ Volume 3D, plus professionnel, permet de visualiser des objets en trois dimensions avec perspective et possibilité de déplacement dans l’espace. Du consistant pour les architectes. Bref, voilà un micro français bourré d’idées qui, malgré quelques défauts de jeunesse, devrait réussir sa percée.
Véronique CHARREYRON

TILTOSCOPE

Esthétique : **
Prise en main : ***
Clavier : ***
Graphisme : *****
Son : *****
Facilité de programmation : ****
Fiabilité chargement : ***
Fiabilité K7 : -
Stylo optique : -
Joystick : -
Ludothèque : **
Bibliographie : « A la découverte du Squale »
Manuel : *
Qualité-Prix : *****

RADIOSCOPIE

Origine : France
Connexion T.V. : Péritel ou moniteur prise antenne avec adaptateur SECAM
Microprocesseur : 6809
Mémoire vive : 92 K dont 32 K pour graphisme
Mémoire morte : 4 K pour le moniteur résidant
Extension Ram : carte 256 K à venir
Affichage : 25 lignes de 40 caractères (utilisation sur TV)
Haute résolution : 256 x 256 pixels avec 16 couleurs adressables point par point
Couleurs : 16
Son : synthétiseur de son à 3 voies sur 5 octaves et générateur de bruits
Entrée cartouche : oui
Crayon optique : oui (option)
Lecteur disquettes : oui
Modem : oui, branchement ligne téléphonique normes minitel/transpac
Dimensions : 50 x 19,5 x 10 cm poids : 3 kg
Prix : 3 450 F (moniteur couleur 3 120 F, monochrome 1 2 00 F, bus extension 1 360 F, lecteur de disquettes 5 pouces 1/4 2 500 F)

Nous avons aimé :
- le modem incorporé ;
- la solidité du matériel (prises, boîtiers) ;
- le Basic très puissant ;
- les possibilités graphiques ;
- les capacités sonores ;
- son prix ;
- les possibilités d’extension.

Nous avons regretté :
- le manuel sybillin ;
- le « look » très fonctionnel
- le Basic sur cassette ;
- l’absence d’accentuation et la taille de la touche « return ».


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