Le
Squale : un nom de tueur pour un micro-ordinateur breton qui compte
bien planter ses crocs dans le marché très disputé de la micro
familiale et semi-professionnelle. Ses 92 ko de mémoire, son modem
incorporé et son prix modeste constituent des armes redoutables. Pour
en savoir plus, Tilt l’a affronté.
C’est à l’occasion de Micro-expo en février dernier que la petite
société Appolo 7 soutenue par l’ANVAR (fondation nationale d’aide à
l’innovation) présentait le
Squale
au public. Deux mois plus tard, le
requin est disponible un peu partout en France dans les grandes
surfaces comme dans les magasins spécialisés pour un prix très
compétitif. Une distribution rondement menée.
Dès le premier regard, le
Squale dévoile
ses liens de parenté avec son
homonyme des mers : gris souris, aileron en avant il dégage une
impression de solidité, de sérieux, voire d’austérité avec son boîtier
métallique. S’il ne se distingue pas par un design gai, il a le mérite
d’inspirer confiance.
Côté face : un clavier mécanique déroutant parce que pentu, comme celui
des machines à écrire. Inspiré de celui de l’
IBM PC, il affiche 55
touches, dont 11 fonctions, noires (4 flèches de déplacement) 43,
alphanumériques grises, une touche « Reset » bleue et - surprise - pas
d’accentuation : une caractéristique embarrassante quand on est un
micro de nationalité française. La frappe s’avère agréable quoique les
touches s’identifie un peu mal (mêmes dimensions) et un « Return » qui
voisine dangereusement avec un « Delete » et surtout un « Reset ».
Prenez-garde aux doigts étourdis, si vous vous trompez, vous êtes
quitte pour tout recommencer.
Du requin donc, le
Squale garde
l’aileron qui assure la fonction
d’entrée « Rompack ». C’est ici que vient s’enficher la cartouche du
Basic. Il est vrai qu’avec un Basic séparé, le
Squale apparaît un peu
démodé et pas pratique.
Un
modem intégré
Si l’on retourne la bête, une heureuse surprise nous attend : une
liaison de communication aux normes Minitel et Transpac. En effet le
Squale, seul micro de France à
renfermer un modem, se transforme, grâce
à une carte de liaison Minitel disponible, en Minitel « intelligent »
capable de traiter de l’information et en terminal avec possibilité
d’accès aux banques de données, aux centres de calculs et aux réseaux
internationaux. Le modem retenu est le « pavé » Thomson 7510 homologué,
qui travaille, à l’émission, à une vitesse de 1 200 bauds (semi-duplex)
et de 75 bauds (usage minitel). Un très gros atout à un faible prix.
Pour mémoire, un modem de ce type vaut en lui-même plus de 1 000 F.
Autre particularité agréable, le
Squale
ne requiert pas d’interface
pour qui veut le connecter à un minicassette normal (prise Din 5
broches), à deux joysticks de type Atari (2 Cannon DBS) ainsi qu’une
imprimante ou à une table traçante de type Centronics (Cannon DB15).
Reste encore une sortie vidéo et bus d’extension (Cannon DB25). Point
n’est besoin de prendre des pincettes pour effectuer le branchement,
les prises sont en béton. En revanche, le câble péritel pèche par sa
courte taille. L’alimentation est intégrée. Les entrailles du
Squale
recèlent un microprocesseur qui a déjà fait ses preuves sur la
MO5, à
savoir le 6809.
La ROM (mémoire morte) s’élève à 4 ko réservés au moniteur résidant et
la RAM 92 ko, un record pour les micros français, qui met le kilo octet
à la portée de toutes les bourses. Les passionnés de dessin vont être
aux nues, le graphisme mobilise 32 ko. Il en reste à peu près autant
pour la programmation.
Si en mode texte on ne bénéficie que d’un affichage de 25 lignes de 50
caractères, en mode graphique, les 256 x 256 pixels combinés aux 16
couleurs adressables point par point confèrent une qualité d’image
excellente. De même le S-Basic, fort de ses 125 instructions, fait
figure de langage musclé. Il est géré par le Flex 09, un système
d’exploitation peu connu en Europe, bien qu’équipant le
Goupil 3.
Puissant, le Flex 09 permet un accès direct en langage machine.
Graphisme
à gogo
Côté graphisme le S-Basic nous ouvre les porte de l’Eldorado. A
l’aide
d’« Arc » vous tracerez des arcs de cercle ou des cercles complets,
avec « Dash » vous changerez la nature du tracé, grâce à « Plot » vous
pourrez afficher sélectivement un point à l’écran et tracer des
segments de droites. « Window » définit une fenêtre rectangulaire de
tracé graphique. Originalité : la fonction « Symbol » permet d’afficher
des textes de tailles variables et « Text » provoque la permutation des
écrans graphiques et du texte. Pas de « Sprite » dans ce S-Basic mais
une instruction large « Draw » qui permet de dessiner des petits motifs
répétitifs, de les faire pivoter. Les possibilités d’animation restent
malgré tout réduites.
Vague déconvenue lorsque le doigt plein d’espoir, le manuel à
proximité, on tente de passer à l’action. On commence à se mélanger les
pinceaux dans les couleurs. Le code du jaune sort en réalité du
rouge... le tir est vite rectifié. Cela devient plus gênant lorsqu’on
se met en tête d’exploiter la super fonction « Draw », et de rentrer la
chaîne alphanumérique qui définira la figure. Résultat : nul. On se
rend compte alors que la syntaxe mentionnée par le manuel n’est pas la
bonne et que, contrairement à toute indication, l’instruction « Draw »
doit être suivie d’une lettre correspondant au cadran dans lequel on
désire placer le vecteur et d’un chiffre (1, 2, 3) représentant la
dimension du segment (par exemple : Draw « A33... »).
Même chanson en ce qui concerne la musique. La rumeur indique que le
Squale possède un synthétiseur
3 voies, 5 octaves ; le guide du Basic
n’en pipe mot. Rassurez-vous, vous arriverez à tirer autre chose que
des « bips » de votre
Squale
en tapant un simple « Play ». « o2 n2 v9
t2 aa bb cc dd » ou « o » représente les octaves, « n » la durée, « v »
le volume et « t » le temps. Tous s’échelonnent de 1 à 9. C’est simple,
mais il faut le savoir. Si vous découvrez les trois lignes de syntaxe
perdues, vous pourrez même convertir votre
Squale en
Key Board. Bref,
pas besoin d’aller plus loin, le
Squale
offre des potentialités énormes
à l’utilisateur pour peu que ce dernier sache lire entre les lignes ou
qu’il ait une bonne expérience du Basic. Le guide, le mot est abusif,
s’avère déplorable : sept pages sibyllines de manuel d’utilisation et
235 pages de guide Basic écrites en pattes de mouche. Ne voyons là
qu’une erreur de jeunesse, qu’Appolo devrait réparer en sortant un
livre : « Le Squale et son univers » suivi d’ici peu par un « 102
programmes pour le Squale ». Parallèlement au Basic, le
Squale accepte
aussi le Logo, le Pascal (en juin), l’Assembleur éditeur, le Forth et
le langage C que l’on doit, comme le Basic, charger sur disquette ou
cartouche.
La
ronde des périphériques
Pour un nouveau venu, il offre une gamme de périphériques et
d’accessoires assez étoffée. Dans sa garde-robe on dénombre deux
moniteurs, couleur et monochrome ainsi que deux imprimantes. L’une «
Qualité courrier » N/B de 80 colonnes, l’autre graphique à quatre
couleurs et 40 colonnes. Sans compter les joysticks, le magnétophone,
le lecteur de disquettes 5 pouces 1/4 double face, double densité comme
le boîtier d’extension 8 slots bus SS30. Ce dernier permet d’enficher
huit cartes supplémentaires sur la mémoire centrale et d’y insérer deux
lecteurs de disquettes. Parmi les cartes disponibles, des « gadgets »
comme cette carte « horloge-calendrier » mais aussi une carte RS 232 C
(connexion toutes imprimantes et modem), une IEEE 488 (connexion table
traçante), une carte entrée analogique, un synthétiseur de parole, une
SQ text (traitement de texte), une carte de contrôleur de disquettes et
sous peu, une mémoire RAM de 256 ko. Les performances font un bond en
avant.
Parmi les logiciels « sérieux », mentionnons une disquette qui,
moyennant 900 F environ, effectuera le traitement de texte - avec
caractères accentués enfin - sur 40 ou 80 colonnes. C’est cher payer
l’accent !
Les
jeux d’un requin
Sprites, Hatier, Loriciel constituent les fournisseurs d’Appolo 7,
c’est-à-dire que l’on trouvera des logiciels éducatifs, comme des jeux.
Environ une vingtaine pour ces derniers, selon le constructeur : dix
d’arcade, deux de rôles et le reste de réflexion, disponibles, suivant
leur titre, sur cassette, disquette ou cartouche. Sept nouveaux jeux
signés Sprites devraient bientôt voir le jour. Nous avons essayé un
logiciel de chaque catégorie. Dans le genre « éducatif »
Le compte est
bon fait carburer les neurones comme dans la célèbre émission
télévisée. Il faut chercher à retrouver, par un calcul mental savant,
un chiffre affiché au hasard pour coiffer le micro au poteau. Classique
mais efficace.
Math Squale
devrait sortir en juin. Le
Squale,
qui fait
les yeux doux à l’Education nationale (il est homologué) va
certainement développer cet aspect. Au rang des logiciels
d’enrichissement personnel,
Biorythme,
à la manière de Madame Soleil,
vous indique vos jours « sans », ou il est préférable de rester au lit
avec un bon Tilt et les jours « avec », grâce à des courbes de
conditions physiques, émotionnelles et intellectuelles. Amusant.
SQ’Art,
Echecs et bientôt
Musique complètent la liste. Au
chapitre «
Loisirs »,
Poker vous emmène
faire une partie de cartes et dans la même
veine, on trouve
Casino,
Mordorak, une poursuite spatiale,
Sagor, un
sauvetage par vaisseau spatial,
Bataille
navale,
Requin un
festin de
petits poissons,
Cric-croc,
un « Batman » rigolo, plus un morpion en
trois dimensions, un mastermind et un « Puissance 4 ». Le
SQ Volume 3D,
plus professionnel, permet de visualiser des objets en trois dimensions
avec perspective et possibilité de déplacement dans l’espace. Du
consistant pour les architectes. Bref, voilà un micro français bourré
d’idées qui, malgré quelques défauts de jeunesse, devrait réussir sa
percée.
Véronique CHARREYRON
TILTOSCOPE
Esthétique : **
Prise en main : ***
Clavier : ***
Graphisme : *****
Son : *****
Facilité de programmation : ****
Fiabilité chargement : ***
Fiabilité K7 : -
Stylo optique : -
Joystick : -
Ludothèque : **
Bibliographie : « A la
découverte du Squale »
Manuel : *
Qualité-Prix : *****
RADIOSCOPIE
Origine : France
Connexion T.V. : Péritel ou
moniteur prise antenne avec adaptateur SECAM
Microprocesseur : 6809
Mémoire vive : 92 K dont 32 K
pour graphisme
Mémoire morte : 4 K pour le
moniteur résidant
Extension Ram : carte 256 K à
venir
Affichage : 25 lignes de 40
caractères (utilisation sur TV)
Haute résolution : 256 x 256
pixels avec 16 couleurs adressables point
par point
Couleurs : 16
Son : synthétiseur de son à 3
voies sur 5 octaves et générateur de
bruits
Entrée cartouche : oui
Crayon optique : oui (option)
Lecteur disquettes : oui
Modem : oui, branchement ligne
téléphonique normes minitel/transpac
Dimensions : 50 x 19,5 x 10 cm
poids : 3 kg
Prix : 3 450 F (moniteur
couleur 3 120 F, monochrome 1 2 00 F, bus
extension 1 360 F, lecteur de disquettes 5 pouces 1/4 2 500 F)
Nous avons aimé :
- le modem incorporé ;
- la solidité du matériel (prises, boîtiers) ;
- le Basic très puissant ;
- les possibilités graphiques ;
- les capacités sonores ;
- son prix ;
- les possibilités d’extension.
Nous avons regretté :
- le manuel sybillin ;
- le « look » très fonctionnel
- le Basic sur cassette ;
- l’absence d’accentuation et la taille de la touche « return ».
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