Site non officiel du Squale.

Banc d’essai paru dans Soft et Micro n°5 (février 1985), pp. 76 à 79.
Republié avec l’aimable autorisation de Pascal ROSIER

SQUALE :

UN REQUIN DANS VOTRE MICRO

« Mettez un requin dans votre micro » : ce pourrait être la devise du Squale, micro-ordinateur domestique haut de gamme. Féroce, avec ses 92 K-octets de mémoire vive, mais souple : la richesse de son catalogue de logiciels, qui mêle langages de programmation, utilitaires et jeux divers peut séduire l’amateur comme le professionnel. Sans compter des astuces de programmation... Bref, un micro « pluridisciplinaire » !

Extérieurement, le squale présente une ligne « agréable », à la fois moderne et sage. Les détails de sa conception ont été très soignés par son constructeur Apollo 7. Il suffit d’observer la face arrière où sont regroupés tous les connecteurs, avec détrompeur et sérigraphie indiquant – en français, bien sûr ! – leur nature. La pyramide, qui est pour beaucoup dans l’originalité extérieure, dissimule une trappe dans laquelle viennent s’enficher les cartouches de mémoire morte contenant les différents logiciels d’application.

Le clavier Azerty du Squale est mécanique. Il comporte 55 touches et permet d’obtenir majuscules et minuscules à l’écran. Mais pourquoi donc avoir oublié les caractères accentués ? A part ce défaut de jeunesse, le clavier est des plus confortables. Signalons en particulier le pavé d’orientation, regroupant les quatre flèches de gestion du curseur, largement déporté. La ligne de l’ensemble est très inclinée, ce qui surprend l’utilisateur familier des autres systèmes.

Au c½ur de ce micro-ordinateur, ce n’est pas (surprise !) un microprocesseur Z80A mais bien un 6809. Les constructeurs français (Thomson, Matra, SMT Goupil, etc.) semblent inspirés par ce composant, pourtant assez peu répandu... Mais le principal atout de la carte électronique du Squale réside dans la capacité importante de la mémoire vive, 92 Ko, dont 60 sont accessibles à l’utilisateur et 32 réservés à la gestion de l’affichage graphique couleur. La mémoire morte résidente du système n’est que de 4 Ko, contenant uniquement le moniteur/chargeur. Ces caractéristiques sont plus proches de celles d’une machine professionnelle (la version de base de l’IBM PC n’offre que 64 Ko utilisateur et pas de graphisme haute résolution...) que d’un micro familial classique.

Son et lumière

Les possibilités graphiques et sonores du Squale, sans être réellement exceptionnelles (une machine comme le Lansay 64 offre des caractéristiques plus impressionnantes), le placent tout de même parmi les meilleures machines du moment.

Ainsi, la résolution graphique est de 256 x 256 points, adressable individuellement en 16 couleurs. Elle est légèrement supérieure à celle du MO5 de Thomson. Chaque point est codé sur un demi-octet, donnant ainsi au programmeur avancé la possibilité de réaliser des applications saisissantes. Le Basic comporte des instructions pour dessiner aisément lignes, points et figures géométriques. La gestion du mode texte est elle aussi performante, avec un affichage normal de 25 lignes de 40 caractères, mais des possibilités d’affichage en plusieurs hauteurs différentes, de demi-brillance, et même de mélanger texte et graphismes.

Le synthétiseur musical, performant, gère trois voie, chacune sur cinq octaves. La sortie se fait sur le haut-parleur du téléviseur, mais le Squale peut aussi être relié à un amplificateur extérieur, celui d’une chaîne Hi-Fi par exemple, ou à un magnétophone, pour réaliser directement des enregistrements musicaux.

Un jeu complet d’extensions

Sur la face arrière du boîtier sont regroupés les différents connecteurs d’extension : sortie imprimante de type Centronics, deux manettes de jeux, modem, boîtier d’extension, light pen (crayon optique), prise Péritel et interface magnétophone standard (1200 bauds). Des adaptateurs proposés en option assurent le raccordement du micro-ordinateur à un téléviseur Secam, par l’intermédiaire de la prise antenne, ou à un moniteur monochrome ou couleur.

Contrairement à bien des constructeurs, Apollo 7 a d’ores et déjà prévu l’art et la manière de rendre le Squale plus performant, pour lui permettre de répondre à tous les besoins. La clef de voûte de ce système d’extension est un boîtier destiné à recevoir jusqu’à huit cartes additives, et qui se connecte directement sur l’unité centrale. Il contient de plus l’alimentation permettant le branchement de deux lecteurs de disquettes 5’’ 1/4. Ces derniers existent en deux versions, simple face (160 Ko) ou double face (320 Ko par disquette). Ils nécessitent l’adjonction d’une carte d’interface, qui trouve elle aussi sa place dans le boîtier d’extension. Parmi les autres cartes figurant au catalogue du Squale, on peut noter une carte horloge/calendrier en temps réel (sauvegarde par batterie), les interface RS232C ou IEEE488 pour la connexion de périphériques standards (modems, imprimantes, table traçante, appareils de mesure, etc.) et une extension mémoire de 256 Ko de RAM.

Parmi les périphériques annoncés, l’adaptateur téléphonique semble le plus prometteur. Grâce à ce module et à son logiciel, il est en effet possible de transformer le Squale en terminal Minitel « intelligent », capable d’interroger les banques de données. Les machines françaises (Thomson, Exelvision et maintenant Squale) sont, avec les « gros » micros, type Apple et IBM, les seuls à proposer cette option, le réseau Télétel étant spécifiquement réservé au territoire national. Le nombre et la qualité des services télématiques disponibles augmentant constamment, cette possibilité d’extension risque fort de faire, dans un proche avenir, la différence entre les micros à vocation domestique.

Un français sans complexe

Sortir actuellement un micro-ordinateur familial semble relever de la gageure, tant est longue la liste des constructeurs, et non des moindres, qui se sont « lancés dans cette course difficile », à commencer par le géant américain Texas Instruments... Pourtant, des machines françaises, conçues spécifiquement pour le marché national (clavier Azerty, interface Minitel, marquage des connecteurs en français, etc.) peuvent sans doute trouver un créneau entre les ténors du marché, et peut-être même résister à la « vague » MSX.

Si la tendance constatée et Grande-Bretagne, vers une micro-informatique domestique sérieuse et utile se confirme, le Squale, avec ses 92 Ko de mémoire vive pour un prix « raisonnable » (moins de 3 500 francs) peut même s’imposer face à certaines de ses concurrents nationaux, comme Thomson. Par contre, si les ordinateurs familiaux restent considérés comme des « super-consoles vidéo », il sera difficile aux constructeurs français de résister à l’avalanche de produits étrangers, et particulièrement, au « tsunami » MSX, dont le catalogue comporte déjà plus de 500 titres... Après tout, Pac Man est international !
P. Rosier



LES LOGICIELS DU SQUALE

Contrairement à de nombreux micros familiaux qui ne possèdent guère à leur naissance que leur Basic résident, le Squale offre un catalogue impressionnant de logiciels, stocké sur cassettes, disquettes ou en cartouches de mémoire morte. En outre, Apollo 7 a confié à plusieurs sociétés (comme ASA) le développement de nombreux autres progammes.

Les logiciels de base

C’est sans doute là l’un des points forts du Squale, qui réjouira les amateurs de programmation : à côté du Sbasic, très complet (125 instructions), livré avec la machine, les utilisateurs peuvent aussi disposer d’un Logo français, d’un Assembleur/Editeur 6809, d’un Forth et même du Pascal et du langage C. Impressionnant pour une machine « familiale » et voilà qui permet au Squale d’envisager une attaque en règle du créneau de la formation et de l’Education nationale. Signalons de plus que le système d’exploitation des unités de disquettes est OS9, peu connu en France, mais considéré comme l’un des DOS 8 bits les plus performants du marché.

Les jeux


La bibliothèque ludique du Squale, pour ne pas valoir celle des MSX, est cependant bien fournie ! Les grands classiques du jeu d’arcade sont disponibles sur cartouches : Apocalypse, Space Force, Shark, Car Crash, Alunissage, Mad Max, Panique, Sub-Marine, Astéroïde, Titanic... Les habitués des salles spécialisées auront reconnu au passage quelques-uns des best-sellers du marché. Mais le Squale dispose aussi de programmes intéressants, et moins courants, comme des jeux d’aventures (déjà six au catalogue : Requin, Sous-marin, Sanctum, Sagor, Mordorak et Calixto), tout en français. Signalons aussi le développement de jeux de réflexion, classiques, comme les Echecs, le Pendu, Othello, Poker, Tour de Babel, ou moins, comme un version informatique du célèbre jeu télévisé, Le compte est bon.

Les logiciels éducatifs


En association avec un des grands noms de l’édition scolaire, Hatier, Apollo 7 propose une gamme de programme éducatifs, qui ne se limitent pas à l’apprentissage de la lecture ou du calcul. Parmi les titres déjà disponibles figurent en effet des didacticiels d’économie, de sciences physiques, de chimie, d’allemand et d’anglais, et même des exercices de préparation au baccalauréat.


SPECIFICATIONS


Microprocesseur : 6809.
Horloge : 1 MHz.
Mémoire vive : 92 Ko extensible à 256 Ko.
Mémoire morte : 4 Ko plus cartouches.
Clavier : 55 touches, mécanique Azerty.
Affichage : téléviseur Péritel, 25 lignes de 40 caractères, 256 x 256 pixels, 16 couleurs.
Son : synthétiseur 3 voies 5 octaves.
Langages : Sbasic, Logo, Forth, Assembleur, Pascal, Langage C.
Système d’exploitation : OS9.
Périphériques : imprimantes, manettes de jeu, modem, Minitel, lecteurs de disquettes 5’’ 1/4.


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